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confidences

J’incline sur le pédoncule du temps, un souffle de baleine bleue qu’une éclaboussure de mots obliques a fait gicler depuis que les encres de nuit m’avaient griffé à la blessure inconsolée des légendes où meurt la mémoire des enfants qui ne sont reconnus par aucune terre.

J’ai hissé l’écriture aux gréements des vents qui emporte la carène de la plume au-delà des lignes de flottaison. A fleur d’eau, j’ai bordé la dérive jusqu’à l’excentricité ombilicale de ses bancs de sable. Je m’y suis échoué pour prendre la clé des champs ; laissant à l’imaginaire toute la vigueur qu’il convient de détendre pour affaler un destin dans les jardins des Hespérides qu’enivrent les images de l’évasion. J’ai aimé y fanfaronner la frasque des ragots où naissent des personnages que le mot revêt.

Des nuits entières, irrigué dans la béance de leurs veillées, je me suis corrompu aux jeux du réel de leurs immortalités ; me suis perdu, comme pénitent, dans le théâtre de leurs temples ; me suis travesti dans les équivoques de la féerie des folles analogies où se pose un rêve de libellule dans une écorce de baobab fracturé.

J’étais dépossédé de toute complaisance d’ostentation de raison et d’étalage de vertus académiques.

Entre les mots, j’y ai quêté la singularité de la beauté de la chimère ; me suis délecté des fruits de ses mangroves : guettant, dans le lit du récit, la moindre audace de lumière qu’enténèbrent les orages. J’ai guinché sans gêne, jusqu’à l’ivresse, avec la murène de leurs profondeurs de corail de feu. J’ai aimé me perdre dans les tripots de leurs manigances, et conté fleurette à la bonne fortune de leurs familiarités.

Et puis, j’ai laissé la rosée de l’aube m’envahir. Pas plus. Et puis, écrire à tous vents pour soulever, dessous chaque pierre saisie, l’empyrée des mondes où le récit de l’homme est transporté par le voyage universel du temps.

Écrire pour vivre entre la résonance des mots ce que le vent soulève dans les revers de la pensée. Écrire pour goûter à la vie dans les bolongs de l’âme tant que la mer n’est traversée par aucun asphalte.

Si je ne bois toujours pas, je continue d’enjôler la gueuze. Je vous salue, ainsi que tous ceux dont la parole accompagne les abbayes de Thélème des « résidents de la Terre ».

Amitiés,

Christian Coppin, Octobre 2012

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